Les débuts de l’apnée en tant que technique d’immersion subaquatique remontent très loin dans le temps. Par exemple, des chroniques japonaises datant de 268 avant Jésus-Christ mentionnent l’activité professionnelle d’apnéistes japonaises (les Amas). Elles récoltaient en plongée en apnée, des coquillages et des algues pour leur subsistance quotidienne. Des vestiges d’objets découverts en Mésopotamie datant de 4 500 ans, décorés avec des perles provenant d’huîtres, mettent en évidence l’existence antique de plongeurs en apnée. Les Romains et les Grecs faisant un usage massif d’éponges récoltées au fond des mers, sans aucun doute par des apnéistes.

Aujourd’hui, les héritiers incontestables de la plongée en apnée originelle sont les pêcheurs sous-marins. Des noms aux consonances familières comme Marc Valentin, Hugues Desault, Michel et Patrick Cantou (voir article dans Apnéa magazine du mois de mars 2013), Jean-Baptiste Esclapez, Bernard Salvatori… ont été à l’origine du développement de la pêche sous-marine pratiquée en apnée et des avancées technologiques de matériels adaptés à l’activité.
Une autre catégorie d’apnéistes a marqué les esprits par le retentissement médiatique des exploits réalisés dans une pratique extrême de l’apnée en quête de profondeur. Le film « Le grand bleu » de Luc Besson en 1987 fut un révélateur de cette pratique et un catalyseur vers une pratique de loisir du grand public. Là aussi des noms connus tels que Jacques Mayol, Enzo Maiorca, Umberto Pelizzari Raimondo Bucher, Angela Bandini, Loïc Leferme ont participé à cette résonnance médiatique et ont joué un véritable rôle de cobayes au service de la science dans le domaine médical.

L’apnée de compétition, plus récente, s’est en partie inspirée de cette pratique extrême pour la ramener à une pratique sportive de loisir aux techniques diversifiées, cadrées et réservées à des pratiquants entraînés en quête de records. Les adeptes de ce sport repoussent toujours plus loin les capacités naturelles de l’homme dans la recherche d’une confrontation sportive réalisée en structure associative ou dans un cadre fédéral. Les vedettes actuelles se nomment : Frédéric Sessa, Sophie Jacquin, Frédéric Buyle, Pierre Frolla, Stéphane Mifsud, Guillaume Nery et bien d’autres…

La promotion de l’apnée de loisir a été initiée sous l’impulsion de Michel Cantou et de son équipe dès son élection en 1997 en tant que membre du Comité directeur national et Président de la commission nationale de pêche sous-marine et d’apnée de la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marin (FFESSM). Pendant les quatre années de son mandat, il a, grâce à la création d’écoles expérimentales d’apnée et au renforcement du secteur formation de la commission, mis en perspective l’important potentiel de développement de l’activité apnée loisir. En 2000, alors que le Ministère des sports est en pleine refonte de la loi sur le sport, il publie avec P. Lebourdonnec, G. Oliveras, M. Hugues, un ouvrage sur l’apnée aux éditions du plaisancier : « Le code Vagnon de l’apnée ».

En 2005, l’idée du concept de la randonnée subaquatique sous le nom générique de RandoSub apparaît au sein de la FFESSM. La stratégie de structuration de la randonnée subaquatique fédérale a connu diverses étapes constructives, et en février 2007, le Comité directeur national de la fédération a décidé d’accélérer le processus afin de permettre sa mise en place effective pour l’été 2007.
Un groupe de travail a été créé à cet effet, constitué d’Antoine Maestracci, Pierre Dunac, Thiébaud Joris et Alain Delmas, sous l’égide de la Commission nationale d’apnée. Ce groupe de travail a proposé des pistes de développement qui ont été validées par le CDN, avec deux phases distinctes, l’une à échéance du début de l’été 2007, l’autre à échéance de l’été 2008.
Ces initiatives ont abouti à la création du réseau des Points-Rand’eau, à la formulation de préconisations fédérales d’organisation et d’encadrement, et à la création de divers produits (pass-rando, attestation de randonneur, documents pédagogiques et techniques …).
En 2009 lors du changement de présidence de la FFESSM, il a été décidé que la Randosub devenait une activité transversale partagée par plusieurs commissions (technique, apnée, biologie, pêche sous-marine, photo …), et un nouveau groupe de travail a été composé avec comme animateurs principaux Pascal Yann, Alain Delmas et Eric Jourdan. Ce nouvel élan dans le développement a été concrétisé par l’obtention d’un positionnement juridique très clair du ministère sur l’activité, la création d’une valise Rando comportant divers outils à destination des organisateurs et des guides et la publication en 2012 du hors-série Subaqua « la Randosub ».

En 2012, la randonnée subaquatique comptait 900 000 pratiquants (nombre de packs PMT vendus).
Grande tendance du moment, elle se pratique à tout âge, ne nécessite aucune préparation particulière et représente pour la sensibilisation à l’environnement un atout majeur. Elle rend, en effet, la mer, ses reliefs, sa faune et sa flore, accessibles à tout public !

Historiquement, l’association scientifique GEM (Groupe d’Etude du Mérou) a été fondée en 1986 par un petit noyau de huit personnes, P. Francour, P. Lelong, J. J. Harmelin, G. Barnabe, J. L. Binche, J. M. Pujol, M. Cantou, J. P. Quignard. L’objectif de cette démarche fut de réunir apnéistes chasseurs sous-marins, scientifiques et gestionnaires d’aires marines protégées afin de réaliser l’étude et le suivi du mérou de Méditerranée (Epinephelus marginatus) et de déterminer scientifiquement, si une éventuelle mise en protection de cette espèce emblématique s’imposait.

Membre fondateur et vice-Président, responsable du groupe des apnéistes, chasseur sous-marin au sein du GEM, Michel Cantou a démontré l’efficacité de « l’outil apnée » dans l’étude et le suivi de cette espèce et a œuvré pour sa mise en protection. Le GEM est aujourd’hui devenu une référence mondiale notamment dans la mise en place de dispositifs d’étude reposant sur la complémentarité apnéistes et plongeurs en scaphandre.
Depuis 2001, Michel Cantou a créé et développé dans le cadre de l’association INNOVAQUA dont il est Président, et en partenariat avec l’A.T.E.N (Atelier Technique des Espaces Naturels), organisme de formation du ministère de l’Ecologie et du Développement durable, un concept de stages naturalistes professionnels.
Intitulés « Initiations à la plongée en apnée » et « L’apnée pour l’étude et le suivi de l’environnement aquatique », ces stages innovants ont pour objectif de former les agents des espaces naturels à la maîtrise de l’apnée et de ses différentes applications dans l’étude et le suivi de l’environnement aquatique. Depuis plus de dix ans, ces stages se déroulent en région PACA sur deux sites bien connus, le Parc National de Port Cros et l’Île de Porquerolles.

La randonnée subaquatique et la plongée en apnée peuvent se pratiquer en partant du bord de côte, de la plage sur de petits fonds. Le matériel est léger et peu onéreux. Avec un équipement adapté, une sortie en apnée peut durer plusieurs heures et permet de partager instantanément ses observations en surface. Elle peut se pratiquer en famille. La plongée en apnée permet aussi de prendre conscience de son corps et de ses propres capacités naturelles d’adaptation pour évoluer sous l’eau. Elle permet de se détendre, de se relaxer grâce à la ventilation au tuba et à une position ventrale sécuritaire du corps en surface. L’apnée est une activité sportive dont la pratique privilégie la sensation de légèreté, de liberté, d’aisance, de souplesse et de fluidité dans les mouvements. Elle permet une approche silencieuse du milieu aquatique et par conséquent est très adaptée à l’observation des espèces dites craintives. C’est une activité subaquatique dont le caractère sportif est de plus en plus plébiscité par une « clientèle » en recherche d’une pratique de loisir « dépouillée », à la fois sportive et à portée du plus grand nombre. Sur le plan environnemental, l’activité apnée est une approche douce, non impactante pour le milieu naturel.

Grace à une communication efficace, la plongée en apnée est sortie de sa confidentialité. Le salon de la plongée de Paris dont la thématique 2013 était l’apnée, le développement des sentiers sous-marins et de la randonnée subaquatique en métropole et dans les DOM-TOM… sont des actions qui rendent cette activité de plus en plus accessible au grand public. Cependant, cette discipline est très nouvelle dans la profession, donc peu de moniteurs sont formés pour l’enseigner. Par conséquent, les structures actuellement installées peuvent difficilement répondre à la forte demande actuelle du grand public en recherche de bien-être et de « zen attitude ».